Décision du Bureau : 15.COM 2.BUR 3.4

Le Bureau,

  1. Rappelant l’article 23 de la Convention ainsi que le chapitre I.4 des Directives opérationnelles relatifs à l’admissibilité et aux critères des demandes d’assistance internationale,
  2. Ayant examiné le document LHE/20/15.COM 2.BUR/3, ainsi que la demande d’assistance internationale n  01562 présentée par le Gabon,
  3. Prend note que le Gabon a demandé une assistance internationale pour le projet intitulé Renforcement des capacités nationales pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au Gabon:

Ce projet, qui sera mis en œuvre par le Ministère de la culture et des arts, vise à renforcer les capacités de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au Gabon dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention de 2003. L’une des principales composantes du projet, qui s’étendra sur une période de vingt-quatre mois, consiste à préparer une stratégie nationale pour la sauvegarde du patrimoine vivant, actuellement inexistante. De même, comme les inventaires - qui sont fondamentaux pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel - ne sont pas réalisés, un volet d’inventaires pilotes est également prévu, ciblant trois communautés dans les régions sélectionnées : Shaké-Okandé de la Lopé, les Pygmées d’Iboundji et Evia de Fougamou. Un autre objectif est de former les participants et les communautés afin qu’ils acquièrent les compétences nécessaires pour réaliser des inventaires et faire connaître la Convention, ses objectifs et ses défis. Une restitution est également prévue à la fin du projet sous la forme d’un atelier de clôture auquel participeront tous les partenaires impliqués.

  1. Prend note en outre que cette assistance concerne l’appui à un projet mis en œuvre au niveau national, conformément à l’article 20 (c) de la Convention, et qu’elle prend la forme d’octroi d’un don, conformément à l’article 21 (g), de la Convention ;
  2. Prend également note que le Gabon a demandé une allocation d’un montant de 97 303 dollars des États-Unis du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour la mise en œuvre de ce projet ;
  3. Décide que, d’après les informations fournies dans le dossier n  01562, la demande satisfait aux critères d’octroi de l’assistance internationale énoncés aux paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :

Critère A.1 : Le projet est principalement destiné aux institutions chargées de la sauvegarde du patrimoine vivant (la Direction générale du patrimoine culturel, les directions provinciales ainsi que les universités, les centres de recherche, les associations et/ou les particuliers). Bien que certaines institutions culturelles et associations communautaires soient mentionnées dans la demande, seul un nombre restreint de représentants participe à la mise en œuvre des activités. Seuls neuf membres participeront à la formation et un seul représentant communautaire accompagnera les équipes d’inventaire lors des missions sur le terrain. Enfin, certaines informations sur la participation des communautés à l’évaluation du projet n’ont pas été fournies. Il est donc difficile d’évaluer dans quelle mesure les communautés cibles réussiraient à poursuivre les activités de sauvegarde au-delà de l’achèvement du projet.

Critère A.2 : Bien que le budget soit présenté en détail, il couvre principalement les frais d’organisation des ateliers (41 pour cent) et les missions sur le terrain (57 pour cent). En outre, un certain nombre de dépenses semblent avoir été omises (par exemple, l’acquisition de matériel pour effectuer les inventaires ou les honoraires des experts). D’autres coûts semblent avoir été sous-estimés, tels que le coût de l’évaluation du projet. Pour toutes ces raisons, le montant de l’aide demandée n’est pas considéré comme approprié pour la mise en œuvre des activités prévues.

Critère A.3 : La demande présente huit activités différentes de sensibilisation à l’importance de la sauvegarde du patrimoine vivant du Gabon. Malheureusement, le projet n’explicite pas suffisamment le lien entre les différentes activités ; par exemple, il n’apparaît pas clairement dans quelle mesure les résultats de l’inventaire pilote contribueront au développement de la stratégie nationale pour la sauvegarde du patrimoine vivant. De plus, les résultats attendus, tels que l’élaboration d’une stratégie nationale en six mois, semblent trop ambitieux pour le calendrier du projet. Des informations supplémentaires sont également nécessaires pour expliquer les responsabilités de chacune des parties intéressées dans la mise en œuvre de toutes les activités proposées par rapport aux résultats attendus. Enfin, le rôle du bureau national de l’UNESCO à Libreville, auquel des tâches importantes semblent être confiées, n’est pas clair, notamment en termes d’implications budgétaires.

Critère A.4 : Les activités proposées, telles que présentées, ne semblent pas garantir des résultats permettant la création d’un cadre durable au sein duquel les communautés pourraient participer à la réalisation d’inventaires ou à la mise en place d’un réseau national d’experts en charge du patrimoine culturel immatériel au Gabon. La demande ne décrit pas les processus permettant de faire perdurer l’inventaire une fois le projet terminé ni comment les informations recueillies pourraient contribuer à préparer la stratégie nationale de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. En outre, la demande ne démontre pas comment la création d’une base de données sur les éléments du patrimoine vivant de ces trois communautés permettrait d’identifier et de définir des mesures de sauvegarde appropriées pour ces éléments.

Critère A.5 : L’État demandeur contribuera à hauteur de 20 pour cent du budget global du projet pour lequel une assistance internationale est demandée au titre du Fonds du patrimoine culturel immatériel.

Critère A.6 : Le projet vise à renforcer les capacités des professionnels du patrimoine du Ministère de la culture et des arts et des représentants des trois communautés cibles. Cependant, le projet semble ne comporter qu’une seule session de formation, qui serait proposée à un expert international pendant une période relativement courte (une session de cinq jours). Un manque de clarté est constaté quant au contenu des activités de formation et au rôle du seul expert national impliqué dans le projet. Ce manque d’information permet difficilement de déterminer dans quelle mesure les capacités des communautés et le cadre national seront renforcés à long terme.

Critère A.7 : En 2015, le Gabon a reçu l’assistance internationale du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour le projet intitulé « Inventaire et promotion du patrimoine culturel immatériel des populations pygmées du Gabon » (Dossier n 00949, 2015-2017, 24 560 dollars des États-Unis). Les tâches stipulées dans le contrat de cette assistance ont été exécutées conformément aux règlements de l’UNESCO, en revanche le projet, qui s’est finalement achevé en 2019, a pris du retard.

Paragraphe 10(a) : Le projet doit être mis en œuvre au niveau national et implique des partenaires tels que la Commission nationale du Gabon pour l’UNESCO, plusieurs associations culturelles, l’Université Omar Bongo, des laboratoires et des centres de recherche ainsi que l’UNITWIN (programme pour le jumelage et la mise en réseau des universités). Le bureau de l’UNESCO à Libreville est également cité comme un partenaire important.

Paragraphe 10(b) : L’État soumissionnaire considère que la stratégie nationale de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui doit être validée à la fin du projet, devrait permettre de mobiliser des ressources financières auprès du Ministère du budget. Il est également souhaité que ce projet incite davantage le secteur privé et les donateurs à s’engager pour la sauvegarde du patrimoine vivant.

  1. Décide de renvoyer à l’État demandeur la demande d’assistance internationale pour le projet intitulé Renforcement des capacités nationales pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au Gabon et invite l’État à soumettre une demande révisée au Bureau pour examen lors d’une prochaine session ;
  2. Encourage l’État partie, s’il souhaite resoumettre sa demande, à réviser le contenu du projet en tenant compte des préoccupations soulevées ci-dessus et à veiller, en particulier, à faire correspondre clairement les objectifs généraux et les activités, le budget et le calendrier proposés pour le projet.

Top